TEDDY BEAR

Un film de Mads Matthiesen

Sortie en salles : 7 janvier 2015
Drame, Danemark, 2012, 1H33, 1:85

Dennis, 38 ans, est un culturiste professionnel à la timidité maladive qui aimerait pourtant trouver l’âme soeur. Quand son oncle ramène une jeune épouse d’un voyage en Thaïlande, Dennis a l’idée d’y tenter sa chance, car il semble plus facile d’y trouver l’amour…

TEDDY BEAR - Affiche

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L'ours et la poupée

Le cinéma scandinave a toujours su manier l’absurde et l’insolite avec style. Ce premier film de Mads Matthiesen, qui prolonge son court métrage particulièrement remarqué en 2007, s’inscrit dans cette veine des plus réjouissantes. Aussi imposant physiquement que timide et effacé, Dennis, sorte de cousin danois d’Arnold Schwarzenegger, est un quasi quadragénaire qui vit sous le joug d’airain d’une mère intrusive et acariâtre. Bousculant les codes du récit d’apprentissage traditionnel, qui s’attache en général à de jeunes adultes au sortir de l’adolescence, le cinéaste bâtit la trajectoire initiatique – et émouvante – d’un homme d’âge mûr. Il faut voir cette montagne de muscles baisser servilement la tête face à sa vieille mère, créature chétive mais toxique, lorsqu’elle lui reproche de rentrer tard le soir ! Niant l’existence même d’un libre-arbitre chez son fils, qu’elle considère avant tout comme un objet, cette gorgone monstrueuse se sert de la culpabilisation comme d’une arme qui – jusque-là – pétrifiait Dennis sur place.

Mais ce gorille au cœur tendre choisit la voie inhabituelle de la rébellion tranquille. Loin d’affronter sa mère, il préfère la fuite : le voilà en Thaïlande où, paraît-il, les femmes sont douces et plus accessibles que chez lui. Et malgré quelques embûches, ses efforts finiront par être récompensés. Là encore, le réalisateur joue sur le contraste saisissant entre le Danois à la carrure gigantesque et les femmes thaïlandaises toutes menues qui semblent de fragiles miniatures entre ses mains. Pourtant, cette fois, pas question de courber l’échine devant la mère dévoreuse et castratrice ! Optant pour une mise en scène réglée au cordeau et une formidable économie de moyens, Matthiesen fait évoluer ses personnages dans des décors fonctionnels et froids qui ancrent le récit dans une réalité totalement contemporaine. Car au-delà du parcours individuel de Dennis, Teddy Bear offre une variation subtile sur l’aliénation propre à la société d’aujourd’hui et sur la volonté, dont certains font encore preuve, de s’en affranchir. Une œuvre atypique et attachante qui doit aussi beaucoup à l’interprétation pudique de Kim Kold, véritable bodybuilder, qui campait déjà le même rôle dans le court métrage Dennis.

Mads Matthiesen (Réalisateur)

Né en 1976 à Copenhague, Mads Matthiesen a étudié la littérature comparée et la rhétorique à l’Université de Copenhague, puis a suivi des études de réalisation à l’école Super 16.

Depuis une dizaine d’années, il a tourné 10 courts métrages qui ont remporté de nombreux prix aux festivals de Venise, Berlin, Sundance, Melbourne, Los Angeles et Londres.

En 2006, son court métrage Mum est sélectionné à la Mostra de Venise. Un an plus tard, Dennis se retrouve en compétition au festival de Sundance : ce court métrage décroche le Grand prix du meilleur court métrage du festival de Melbourne.

En 2008, Cathrine obtient le prix Robert de la Danish Film Academy, qui consacre le meilleur court métrage de l’année, avant d’être sélectionné à la Berlinale. Le film est aussi projeté dans le cadre du festival New Directors/New Films au MoMA à New York.

Teddy Bear est le premier long métrage du cinéaste.

Kim Kold (Dennis)

Bodybuilder professionnel, Kim Kold détient plusieurs titres nationaux et internationaux. Il a fait ses débuts de comédien dans le court métrage Dennis, en 2007, où il tient le rôle-titre. Depuis, il s’est produit dans plusieurs longs métrages et séries télé danoises.