WALKABOUT (La Randonnée)
Un film de Nicolas ROEG
Sortie en salles : 3 juin 2015
Visa n°39025
Genre : aventure - drame |
Année : 1971 |
Durée : 100 minutes |
Nationalité : Australo-Britannique
Deux adolescents Australiens, un frére et une soeur, se retrouvent abandonnés dans le bush. Survivant tant bien que mal dans le désert hostile, ils rencontrent un jeune Aborigène en plein « walkabout », une errance initiatique rituelle.
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Se réapproprier le monde !
Hypnotique. C’est l’effet que produit la “balade sauvage” à laquelle nous convie Nicolas Roeg dans Walkabout, méditation panthéiste et cruelle sur la société occidentale et les rapports troublés entre l’homme et la nature. Après quelques plans furtifs d’une métropole bruissante, où l’activité humaine semble incessante, le cinéaste arrache à la “civilisation” une adolescente et son petit frère pour les projeter, seuls, dans une vaste étendue désertique. C’est alors que leur trajectoire de survie commence – ou plutôt, leur réapprentissage de la vie. Car il s’agit bien du parcours initiatique de deux enfants qui, à travers leur odyssée sauvage et leur rencontre avec un jeune Aborigène, vont peu à peu se réapproprier le monde. Les images de ces hommes affairés, au début du film, puis, bien plus tard, de ce boucher qui coupe mécaniquement la viande ou de ces scientifiques lorgnant une jeune femme d’un œil concupiscent sont comme annonciatrices de l’inexorable aliénation à laquelle la soi-disant modernité destine nos deux jeunes protagonistes : tels Robinson Crusoé face à Vendredi, l’adolescente et le petit garçon abandonnent leurs réflexes occidentaux, se débarrassent de leur uniforme d’écolier et finissent même par se défaire de leur radio, ultime lien qui les rattachait encore à la société contemporaine. La séquence où la jeune fille, qu’on a découverte corsetée dans sa jupe et son costume, s’ébat, nue, dans un lac d’eau claire est emblématique de sa libération physique et mentale.
Mais Walkabout n’est pas un hymne pastoral et candide à la Nature. Malgré la majesté des paysages et la chaude lumière qui vient caresser les personnages, Nicolas Roeg filme les dangers qui guettent les enfants à leur insu, à l’instar de Charles Laughton dans La nuit du chasseur : ici un python, là un scorpion, plus loin encore un étrange animal qui en dévore un autre et, bien entendu, l’omniprésence d’un soleil implacable brûlant tout sur son passage. Face à cette nature parfois hostile, le jeune Aborigène se révèle un guide bienveillant avec les deux Occidentaux. Et surtout, le cinéaste montre qu’entre êtres humains, la communication peut s’établir, en dépit de la barrière de la langue. Dans cette magnifique relation qui se tisse entre les trois protagonistes, le petit garçon est un médiateur poétique, dans la grande tradition du cinéma fantastique où les enfants assurent le lien entre le monde réel et le fantasmagorique. Décidément, Walkabout n’en finit pas de dévoiler ses merveilles…