THELMA ET LOUISE

Un film de Ridley SCOTT

Sortie en salles : 29 août 2018
Visa n°76650
Etats Unis - 1991 | | 2h09/ Couleur / 2.35 / Mono
Les droits d'exploitation de ce film sont échus

Deux amies, Thelma et Louise, frustrées par une existence monotone l’une avec son mari, l’autre avec son petit ami, décident de s’offrir un week-end sur les routes magnifiques de l’Arkansas. Premier arrêt, premier saloon, premiers ennuis et tout bascule. Un évènement tragique va changer définitivement le cours de leurs vies.

THELMA ET LOUISE - Affiche

— Galerie

THELMA ET LOUISE : Hit the road, Louise !

Tout commence par une simple virée entre filles, lassées par le comportement navrant des hommes qui partagent leur vie. Une envie d’ailleurs – un irrépressible besoin d’oxygène et d’aventure loin de leur quotidien monotone – celui de femme au foyer sans avenir pour Thelma et celui de serveuse dans un banal “diner” pour Louise. Une fois à bord de la Thunderbird décapotable de cette dernière, nos deux (anti)héroïnes se sentent pousser des ailes. Alors qu’elle semblait soumise à la brute épaisse lui faisant office de mari, Thelma est comme désinhibée, libérée. Louise n’est pas en reste puisqu’elle n’hésite pas à abattre de sang-froid un dragueur qui s’apprêtait à violer sa copine !

On l’a compris : cette œuvre singulière dans la carrière protéiforme de Ridley Scott est un vibrant plaidoyer féministe qui vilipende une société profondément sexiste. Et il faut dire que le réalisateur, et sa brillante scénariste Callie Khouri, n’ont pas choisi la facilité en investissant un genre traditionnellement masculin : le road-movie. Car de Easy Rider à Badlands, de Bonnie and Clyde à Midnight Run, ce genre proche du western, traversé par le mythe de la Frontière, est dominé par les hommes. Sans même parler de l’omniprésence de la voiture, objet depuis toujours fétichisé par les machistes !  Ici, c’est tout l’inverse : sans jamais se départir de leur féminité, Thelma et Louise font trembler les polices de six États, pulvérisent le gigantesque camion rutilant d’un routier qui les avait insultées, et se réapproprient les attributs masculins pour se faire enfin respecter.

Tourné dans les paysages grandioses du Midwest américain, sur lesquels souffle un vent de liberté qui gagne les deux protagonistes, le film dégage une énergie et un appétit de vie qu’on a rarement vus au cinéma : on brûle de s’embarquer avec ces filles déjantées – mais ô combien attachantes – dans leur périple. Littéralement possédées par leurs personnages, Susan Sarandon et Geena Davis, dont on sent qu’elles s’amusent comme des folles, nous chavirent à chaque instant. À leurs côtés, les hommes sont bien falots, hormis Harvey Keitel, dans le rôle d’un flic en empathie avec celles qu’il traque, et Brad Pitt, jeune aventurier sexy et frondeur. Un film-culte qui, dans le contexte de lutte contre les violences faites aux femmes, résonne d’une étonnante actualité…

RIDLEY SCOTT : Le génie de l'éclectisme

Né en 1937, en Angleterre, il fait ses débuts comme décorateur de plateau pour la BBC, avant de réaliser plusieurs feuilletons. Il crée ensuite sa propre société de production grâce à laquelle il signe des publicités particulièrement inventives. En 1977, il passe au long métrage avec Les Duellistes, qui décroche le prix du Jury du meilleur premier film au Festival de Cannes, puis réalise Alien deux ans plus tard, œuvre marquante de la science-fiction. En deux films seulement, Ridley Scott impose son sens visuel et sa maîtrise de la narration.

En 1982, il s’attelle à Blade Runner, adaptation d’un roman de Philip K. Dick. Mais les producteurs, qui jugent le film trop complexe et le dénouement exagérément sombre, imposent au cinéaste d’ajouter une voix-off et une fin plus optimiste. Echec public et critique à sa sortie, le film bénéficiera d’un “director’s cut” dix ans plus tard et s’imposera comme une œuvre majeure du genre.

Dans les années 80, Scott tourne un film fantastique, Legend (1986), avec Tom Cruise, et un polar Black Rain (1989), avec Michael Douglas, mais c’est avec Thelma et Louise (1991), road-movie audacieux avec Geena Davis et Susan Sarandon, que le réalisateur renoue avec le succès. Malheureusement, il enchaîne ensuite avec une saga épique, 1492 : Christophe Colomb (1992), qui s’avère être un échec retentissant. Les films qui suivent ne sont guère plus brillants : ni Lame de fond (1996), ni A armes égales (1998), ne suscitent l’enthousiasme. Ridley Scott se détourne alors de la réalisation pour se consacrer à la production des films de son frère Tony, spécialiste du cinéma d’action.

En 2000, Ridley Scott fait un retour très remarqué avec Gladiator, péplum d’une étonnante modernité. Produit pour 100 millions de dollars, cette épopée humaniste décroche 5 Oscars – dont celui du meilleur film – et triomphe au box-office dans le monde entier. Un an plus tard, le cinéaste poursuit sur sa lancée avec Hannibal, suite très attendue du Silence des agneaux, dont l’atmosphère glaciale et l’étude psychologique du génial psychopathe contribuent au succès planétaire.

Eternel touche-à-tout, Scott poursuit son exploration des genres, passant sans difficulté de la comédie policière – Les Associés en 2003 – à la fresque historique – Kingdom of Heaven en 2005 – et au thriller politique – Mensonges d’Etat (2008). En 2010, il signe sa version de Robin des Bois. Il s’agit de sa cinquième collaboration avec l’acteur Russell Crowe.

En 2012, il renoue avec Alien en réalisant Prometheus, qui impressionne public et critique. Cinq ans plus tard, il tourne le magnifique Alien: Covenant qui semble – pour l’heure – refermer la saga. Il aura entretemps réalisé un péplum biblique (Exodus: Gods and Kings, 2014), un film de science-fiction remarqué (Seul sur Mars, 2015) et un thriller politique avec notre Romain Duris national (Tout l’argent du monde, 2017). Rien ne semble pouvoir arrêter le cinéaste octogénaire !

SUSAN SARANDON : Un certain esprit rebelle

Insoumise dans l’âme dès son plus jeune âge, Susan Sarandon ne supporte pas longtemps les préceptes conservateurs de son éducation. Après son premier rôle dans Joe (1970) de John G. Avildsen, elle se révèle surtout grâce à La Kermesse des Aigles (1975), où Robert Redford tombe sous le charme de son personnage, et The Rocky Horror Picture Show (1976) où elle campe une jeune femme pervertie par un transsexuel.

À la fin des années 70, elle fascine dans La Petite de Louis Malle, avant de retrouver le cinéaste pour le sublime Atlantic City (1980) qui lui vaut sa première citation à l’Oscar. Six ans plus tard, elle touche un très large public avec Les Sorcières d’Eastwick de George Miller aux côtés de Jack Nicholson et Michelle Pfeiffer.

Enfin célèbre à plus de 40 ans, elle explose dans Thelma & Louise (1991) de Ridley Scott, puis bouleverse les spectateurs dans la peau d’une nonne accompagnant un homme condamné à mort dans La Dernière Marche (1995) de Tim Robbins. Sa prestation lui vaut d’ailleurs l’Oscar de la meilleure actrice.

Passant désormais d’un registre à l’autre, elle alterne entre des rôles engagés, comme celui d’une ancienne activiste politique dans Sous Surveillance (2012) de Robert Redford, et d’autres plus légers comme Ma Mère et Moi (2015). Elle est en tout cas l’une des rares actrices hollywoodiennes dont la notoriété et l’attractivité n’ont fait que se renforcer au fil des années.

GEENA DAVIS : Tempérament de feu

Remarquée par Sydney Pollack qui lui confie un petit rôle dans Tootsie (1982), Geena Davis enchaîne avec plusieurs séries télé. Mais c’est avec La Mouche (1986) de David Cronenberg, où elle campe le personnage principal féminin qu’elle s’impose auprès du public. Deux ans plus tard, elle s’illustre dans Beetlejuice de Tim Burton, puis décroche l’Oscar du meilleur second rôle pour Voyageur malgré lui (1989) de Lawrence Kasdan.

En 1991, Ridley Scott lui offre le rôle magnifique de Thelma dans Thelma et Louise aux côtés de Susan Sarandon, rôle qui lui vaut une nomination aux Oscars. Après avoir interprété cette femme au foyer trop docile qui finit par se rebeller, elle incarnera une joueuse de base-ball dans Une équipe hors du commun (1992) de Penny Marshall qui triomphe au box-office.

Suite à plusieurs échecs cuisants, elle se retire des écrans pendant quelques années, puis renoue avec le succès grâce à Stuart Little (1999) et la série The Geena Davis Show au début des années 2000. Mieux encore, elle interprète la présidente des États-Unis dans la série Commander in Chief ! Rien ne semble pouvoir l’arrêter…

TEXTES : Franck GARBARZ